de Idries Shah

(extrait de son ouvrage Contes derviches)

Une allégorie du retour vers nous-mêmes et de la reconnaissance de notre dimension sacrée (royale). L’usage du son pour éveiller la mémoire de nos cellules et accéder à nos potentiels.

 

À l’origine

Dans un pays où les hommes étaient pareils à des rois, vivait une famille dans un grand et total contentement et dans une ambiance telle qu’il n’existe pas de mot dans la langue des hommes capable de la décrire parce que rien de ce qu’ils connaissent aujourd’hui ne peut s’y comparer.
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Photo David Rodrigo
Ce royaume de Sharq semblait satisfaire le jeune prince Dhat. Mais un jour ses parents lui dirent:
Toi, le plus cher de nos fils, sache qu’il existe dans notre pays une coutume nécessaire qui veut que tout prince royal, lorsqu’il a atteint l’âge que tu as, parte subir une épreuve. Ceci, afin qu’il se prépare à la fonction royale et qu’il parvienne – par la vigilance et par l’effort – à un degré de virilité qui ne peut être atteint d’aucune autre façon et qui justifiera sa qualité de roi. Ainsi en est-il depuis le commencement, et ainsi en sera-t-il jusqu’à la fin.

Le voyage

Le prince Dhat fit dons ses préparatifs en vue du voyage qu’il allait entreprendre. Les membres de sa famille le pourvurent des moyens de subsistance qu’il était en leur pouvoir de lui donner – un aliment spécial dont il se nourrirait durant son exil et qui tenait sous un volume restreint bien qu’étant inépuisable.
Ils mirent aussi à sa disposition certaines ressources dont il n’est pas possible de préciser la nature et qui le protégeraient s’il savait en user justement.
Il lui faudrait voyager sous un déguisement jusqu’au pays qu’on appelle Misr. Il reçut des guides pour le voyage et les vêtements qui convenaient à sa nouvelle condition, des vêtements qui ne ressemblaient guère à ceux d’un prince de sang royal.
Sa tâche consistait à rapporter de Misr un certain Joyau que gardait un monstre redoutable.
Lorsque ses guides le quittèrent, Dhat se retrouva seul. Mais bientôt il vint à rencontrer un autre voyageur qui avait été envoyé pour accomplir la même mission et ensemble ils parvinrent à garder vivant le souvenir de leurs origines.
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Photo Adrian via unsplash

 

 

L’oubli

Cependant, l’air et la nourriture de ce pays les plongèrent dans une sorte de sommeil. Et Dhat oublia sa mission.
Il vécut des années au pays de Misr, gagnant de quoi subvenir à ses besoins en exerçant un humble métier, apparemment inconscient de ce qu’il aurait dû faire.

 

L’éveil par le son

Par des voies qui leur étaient familières, bien qu’inconnues des autres êtres, les habitants de Sharq vinrent à connaitre la situation désastreuse où Dhat se trouvait et ils se concertèrent à leur manière pour l’aider à se délivrer et lui donner les moyens de persévérer dans sa mission. Par d’étranges voies un message fut envoyé au jeune prince:
Réveille-toi, car tu es le fils d’un roi envoyé pour accomplir une tâche bien précise. Et chez nous tu dois retourner.
Ce message réveilla le prince qui parvint jusqu’au monstre. A l’aide de certains sons, il le plongea dans un sommeil profond puis s’empara du joyau inestimable dont le monstre avait été le gardien.

Le retour

Alors Dhat suivit les sons du message qui l’avait tiré de sa torpeur, changea ses vêtements pour ceux de sa terre natale et prit le chemin du retour, guidé par le Son jusqu’au pays de Sharq.
Dans un temps étonnamment court, Dhat revit ses anciennes robes et le pays de ses pères et il rentra chez lui.
Grâce à ses expériences, il perçut pour la première fois la splendeur réelle de ce royaume. Il était maintenant sain et sauf.
Et il comprit alors que c’était là le lieu commémoré vaguement par les gens de Misr sous le nom de Salama, qu’ils traduisaient par soumission mais qui signifiait – il le savait maintenant : Paix

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A propos d’Idries Shah et ses ouvrages

 

  • D”après le site Études soufiesIdries Shah, d’origine afghane, est né en 1924 à Simla (Inde). Il est mort à Londres en 1996. Maître conteur, il a publié plus d’un millier d’histoires-enseignements puisées aux sources de la tradition.
hommes étudiant des livres spirituels conte initiatiqueContes derviches. Au cours de ses voyages en Asie centrale et au Moyen-Orient, en Inde, en Afrique et en Europe, Idries Shah a recueilli et comparé les versions orales des contes traditionnels. Sous une forme ou une autre, nombre d’entre eux ont été incorporés dans les littératures orientale et occidentale. L’auteur nous les donne ici à lire et à entendre tels qu’ils circulent depuis des siècles parmi les derviches.
Les maîtres derviches instruisent leurs élèves au moyen de ces histoires, conçues à l’origine comme des « instruments » susceptibles d’affiner et d’accroître les perceptions. «À la différence de la parabole, souligne Idries Shah, l’histoire-enseignement ne se laisse pas élucider par les méthodes intellectuelles ordinaires. Elle est capable d’une action directe, certaine, sur la part la plus profonde de l’être humain.» Pour autant, rien n’interdit de goûter ces Contes pour leur vertu divertissante. Le Courrier du Livre; Paris, 2004
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