Conférence de Jeanne Siaud-Facchin

Présentation de Jeanne Siaud-Facchin

Jeanne Siaud-Facchin est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Ancienne attachée des hôpitaux de Paris et de Marseille, elle a créé Cogito’Z, le premier centre européen de psychologie intégrative (Marseille, Avignon, Paris, Lyon, Nantes, Reims, Nice, Londres) : www.cogitoz.com

Par ailleurs, spécialiste reconnue des surdoués, Jeanne Siaud-Facchin a apporté une contribution décisive dans la compréhension et la prise en charge des enfants, ados et adultes surdoués. L’association Zebra, centre de ressources pour surdoués a été créée à son initiative : www.zebrasurdoue.com

Depuis plusieurs années, Jeanne Siaud-Facchin s’est également engagée personnellement et professionnellement dans la Méditation de Pleine Conscience, Mindfulness. Elle a créé un site ressource sur la Pleine Conscience : www.meditez.com et des programmes pour les enfants et les adolescents, les programmes Mindful UP pour lesquels elle assure la formation de Praticiens.

Elle est membre du Conseil d’Experts et Directrice Pédagogique bénévole de la Fondation SEVE de Frédéric Lenoir pour la méditation et la philosophie à l’école, un mouvement qui vise à introduire ces pratiques à l’école à grande échelle.

Auteur de nombreux ouvrages et articles scientifiques, conférencière, enseignante à l’université, formatrice, Jeanne Siaud-Facchin a une approche de la psychologie résolument intégrative et contemporaine, une psychologie positive orientée vers les ressources de chacun.  (Source Rencontre-Perspectives et Cogito’Z)

INTELLIGENCE, PLEINE CONSCIENCE ET HAUT POTENTIEL : L’ALCHIMIE HEUREUSE

Jeanne Siaud-Facchin débute la conférence en nous posons une question déconcertante :

Est-ce que vous êtes là ?  

Elle insiste : 

Etes vous vraiment là ? Comment savez vous que vous êtes là ?

Long silence….

Puis elle reprend, en nous affirmant que le seul indicateur de notre présence ici et maintenant est notre corps :

“C’est ressentir la présence de son corps au moment où l’on se pose la question.”

Autre surprise, Jeanne Siaud-Facchin nous propose un exercice. Elle nous invite à fermer les yeux “pour revenir à soi” et à ressentir la sensation des différentes parties de notre corps.

Sa voix nous accompagne dans ce voyage à l’intérieur de nos sensations.

“Je suis là par ce que je le sens, parce que je peux faire l’expérience physique de ma présence. Faire l’expérience des pensées, des émotions, faire l’expérience de tout ces commentaires qui se déploient dans sa tête. Je me sens respirer.

Elle ajoute que les sensations dans notre corps ne peuvent pas nous leurrer. Jeanne nous demande de revenir calmement et d’ouvrir les yeux et nous demande si :

nous étions capable d’observer une qualité de présence à nous-même par rapport à l’état noté avant l’exercice ?

Elle enchaîne en nous apprenant que d’après une étude scientifique nous  passons 47% de notre vie dans notre tête à penser notre vie plutôt que de faire l’expérience de notre vie.

D’ou l’intérêt de se pencher sur une technique qui permet de revenir à son corps.

QU’EST CE QUE LA MEDITATION ?

Pour nous expliquer le principe de la méditation Jeanne Siaud-Facchin a recourt à une image intéressante :  celle de la boule à neige.

boule à neige Jeanne Siaud-Facchin
Photo de Darren Coleshiil via unsplash

Lorsqu’on secoue la boule à neige, les particules occupent tout l’espace et empêchent de voir vraiment ce qu’il y a à l’intérieur. Cependant, lorsque la boule est posée et immobile, les particules redescendent et se déposent en laissant apparaître la figure au centre.

Ces particules pourraient être nos pensées qui gravitent dans tous les sens et nous occupent l’esprit en permanence.

Quel est le risque pour nous de se poser ?

Selon, la psychologue le risque est de se rencontrer soi-même. Nous mettons beaucoup d’énergie pour ne pas se rencontrer.

Elle ajoute que la méditation de pleine conscience subie encore des préjugés nombreux et variés. Une grande partie de la population garde une vision erronée de celle-ci. Pour reprendre la citation d’ Albert Einstein : 

« Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé »

En effet,

  • La méditation n’est pas réservée qu’aux adeptes du bouddhisme
  • la méditation de pleine conscience n’est ni une recherche de béatitude mystique ni une transcendance spirituelle.
  • La méditation n’est pas que de la détente ou de la relaxation, bien que cela puisse être un effet secondaire appréciable
Méditer est un effort d’attention.

“Nous parlons ici d’une méditation laïque et contemporaine. Il s’agit d’une expérience intime à ce que l’on est et ce que l’on vit. c’est sentir qu’on est vivant et présent à soi.”

Pour en savoir plus sur la méditation :

livre de jeanne Siaud Facchin comment la meditation a change ma vie

 

Une autre idée farfelue concerne la mesure de l’intelligence avec les tests de Quotient Intellectuel (QI).

MESURE DE L’INTELLIGENCE

Jeanne Siaud-Facchin soutient qu’on ne mesure pas l’intelligence. Ce qu’il est  possible de faire c’est une évaluation du fonctionnement de la personne.

Une intelligence, des intelligences ?

La psychologue nous parle d’Howard Gardner qui à travers ses recherches distingue 8 formes d’intelligences auquel vient s’ajouter plus tard une 9ème :

  • intrapersonnel
  • interpersonnel
  • logico-mathématique
  • existentielle ou spirituelle
  • naturaliste
  • corporelle – kinesthésique
  • linguistique
  • spatiale
  • musicale

C’est Daniel Coleman qui a parlé le premier de l’intelligence émotionnelle

Concernant l’intelligence, les scientifiques parlent plutôt de compétences. Il s’agit donc de la capacité de faire des liens en fonction d’une situation précise.
L’intelligence serait comme un chef d’orchestre, elle interviendrait selon la nécessité du moment avec une intensité plus ou moins importante en fonction du contexte. Elle  sert à nous adapter.

Dans l’antiquité grec, on parlait déjà d’une intelligence perceptive, liée au sens. C’est une intelligence qui capte le monde, d’où la nécessité de ressentir pour intégrer  pleinement notre intelligence.

Par contre, dans nos sociétés, sous l’influence de Descartes, nous avons été amené à mettre nos émotions à distance.

Plus récemment, Antonio Damasio (“L’Erreur de Descartes”), éminent neurologue montre que sans émotion nous pouvons prendre des décisions dangereuses pour nous et pour les autres. L’enjeu est de trouver l’équilibre.

HP, SURDOUES, PRECOCES, ET AUTRES ZEBRES ….

Afin d’illustrer le ressenti des Haut Potentiel Jeanne Siaud-Facchin nous rappelle l’histoire d’Harry Potter : jeune sorcier parmi les Moldus. Harry Potter se sent différent et incompris. Il découvre qu’il est effectivement à part et finit par rejoindre Poudlard par un train partant du quai 9 3/4 invisible aux non-avertis.

le quai 9 3/4 de harry potter Jeanne Siaud-Facchin
Photo de Sarah Ehlers via unsplash

Pour Jeanne Siaud-Facchin :

Quelque soit notre parcours le quai 9 3/4 existe toujours.

 Pourquoi le terme zèbre pour designer les surdoues ?

La conférencière répond que c’est parce que le zèbre est facilement repérable dans la savane et surtout que les rayures d’un zèbre sont uniques, il n’y en a pas deux pareils. C’est une notion très importante à retenir. Chaque personne est singulière.

Un zèbre peut en cacher un autre

Il existe beaucoup de mythes tenaces concernant les zèbres comme :

  • le premier de la classe avec ses lunettes et le doigt toujours levé
  •  Beaucoup s’imagine qu’ils ont toujours des parcours scolaires extraordinaires. Certains ont effectivement des parcours académiques extrêmement brillants mais ce n’est pas toujours le cas
  • d’autres imagine qu’être surdoué est une catastrophe : du genre dépressif à vie
La rencontre de la clinique et des neurosciences

Nous avons la confirmation d’un fonctionnement différent du cerveau d’un surdoué grâce à l’IRM (il est possible de voir comment fonctionne le cerveau par rapport à des activités spécifiques).

  • Il y a donc un fonctionnement cognitif singulier.
  • Une hyperconnectivité cérébrale au niveau du corps calleux.
  • Une connectivité renforcée très dense dans les fonctions supérieures.
  • Dans les lobes pariétaux, une densité de neurones très importantes.

Résultat : un cerveau toujours en marche.

La pensée toujours en marche

La psychologue explique qu’en consultation une question revient sans cesse : Comment puis-je arrêter de penser ?

Un jeune patient témoigne qu’il a l’impression d’être prisonnier de son cerveau. En effet, la vitesse de traitement est plus grande. Ils mobilisent beaucoup plus de zone du cerveau.

Un autre patient témoigne :

“Quand tout va très vite cela donne beaucoup de puissance, mais il faut penser à réfléchir.”

Cette pensée toujours en marche est un soucis pour être attentif à un problème posé car avec cette pensée en arborescence un problème fait apparaître un autre problème puis un autre…

« Dans ma tête, j’ai un arbre généalogique de problème ».

De plus, lorsque ça va vite, nous pouvons avoir du mal à accéder aux procédures. C’est à dire à expliquer comment nous avons trouvé la solution du problème ?

Le non accès aux procédures.

Cette manière fulgurante de résoudre les problèmes, entraîne des complications à l’école, en entreprise, en société etc…

Témoignage :

« Dans un problème, je vois le début, je vois la fin mais milieu, je ne sais pas ce qu’il y a ! »

De nombreux quiproquos naissent de ce mode de fonctionnement.

Avec ce fonctionnement on est toujours en interrogation.

« De pourquoi en pourquoi on arrive à l’origine du monde ».

On constate chez les surdoués :

  • le besoin de précision absolue.
  • il peut passer à un raisonnement infini, et s’attacher au sens précis des mots
  • le doute toujours très présent. Il doute en permanence

Le Zèbre est capable de repérer les limites et les failles des autres et a donc la capacité de repérer ses propres failles. Il peut faire semblant en se créant un égo immense qui cache une très grande vulnérabilité.
Mais pour se sentir mieux, il est nécessaire d’accepter cette part de vulnérabilité, cette part humaine.

Créativité 

Le but ici serait de sortir de la pensée qui tourne en rond. Sortir du cadre = out of the box.

Les caracteristiques de la personnalité du surdoué 
  • l’hyperesthésie : c’est à dire qu’il voit ce que les autres ne voit pas
  • il perçoit des sons sur des tonalités faibles
  • une forte sensibilité kinesthésique
  • un odorat très développé
  • l’hypersensibilité : c’est différent de la sensibilité émotionnelle (hyperémotivité).
    Il s’agit plutôt d’une perméabilité au monde. Ils sont très sensibles aux murmures du monde, ils peuvent capturer, capter les multiples signaux en présence.
  • l’empathie est exacerbé chez les surdoués.
    Des études ont été menées sur les neurones miroirs (Giaccomo Risoletti).
    Ces neurones réfléchissent le comportement des autres (ce qui permet, entre autre, l’apprentissage). Cela permet surtout d’être en miroir avec ce que les autres ressentent. « Etre en résonance ».
  • lorsque le cerveau-coeur fonctionne à fond,  ils vibrent plus fort et ont une forte lucidité sur le monde,
  • un sens des valeurs non négociables : sens de la justice très fort, ils aiment défendre les autres, à l’école, sur le plan professionnel
  • ils ont une façon particulière d’être au monde
  • un sentiment de décalage
    La métaphore de histoire du vilain petit canard : dans ce cas, c’est le sentiment de différence qui fait souffrir.

Ce qui amène des phases sombres et des phases lumineuses

Pour en savoir plus je vous recommande la lecture de ces deux livres sur le sujet des surdoués.

livre trop intelligent pour etre heureuxlivre l enfant surdoue

 

Le travail des psychologues est de faire émerger tous les talents et c’est là que l’apport de la pleine conscience entre en jeu.

COMMENT LA PLEINE CONSCIENCE ENTRE EN JEU ?

Le précurseur de cette technique est Jon Kabatz Zin Docteur en Biologie moléculaire et pratiquant bouddhiste.
Il pratique une méditation de vision pénétrante  (se voir à l’intérieur de soi). Constatant les nombreux effets positifs de la méditation, il décide de la mettre à la portée de tous.  Il a pu transférer ces pratiques aux hôpitaux avec le personnel soignant.

Jon Kabatz Zin est à l’origine d’un programme de méditation de pleine conscience formalisé sur 8 semaines, pendant lequel on s’entraîne à être présent et attentif. Cela demande un véritable dynamique. Ce programme est notamment utilisé dans le cas  de rechute dépressive.

En France, la méthode de méditation en pleine conscience est popularisé par Christophe André. La méditation apprend une nouvelle façon d’être, c’est ce qui change tout.

C’est une pratique utile, car ils nous arrivent à tous de nous faire des films en permanence : nous imaginons un scénario mais la réalité est tout autre puis nous ruminons : nous avons l’illusion que nous pouvons trouver une issue de cette manière. La pleine conscience nous apprend à sortir de cela.

Passé, présent, futur

Dans le cadre d’une étude, 49% des personnes interrogées avouent qu’elles ont gâché ainsi des instants précieux et pour certains, ils ont même l’impression d’avoir gâché leurs vies.

  • Nous avons besoin du passé car il nous construit mais ne nous définit pas.
  • Nous avons besoin d’envisager de faire des projets d’avenir.

Ce qui suppose de faire un effort pour être dans le moment présent car si nous n’en prenons pas soin nous n’y sommes jamais.
Il est nécessaire de se poser, de ressentir, d’observer et de laisser être d’accueillir et accepter c’est à dire se donner la possibilité de ressentir autre chose.

Méditer c’est comme si nous mettions une lumière à l’intérieur de nous. Se poser et avoir la possibilité de choisir le chemin à prendre.

Toutefois, il est important de souligner que la méditation n’est pas un médicament.

Le tumulte dans la tête

Ce tumulte dans la tête entraîne un épuisement à essayer de tout contrôler. Jean-Philippe Lachaux parle de pop-up de la pensée.

Le surdoués utilisent  plusieurs stratégies pour pallier à ce tumulte envahissant;

  • La stratégie de la toupie. C’est être toujours en mouvement, une sorte d’hyperactivité pour ne pas penser et revenir à soi, pour ne pas être en contact avec soi.
  •  L’inhibition de ce qu’on est pour s’adapter aux autres 
  •  Les addictions pour mettre à distance l’arborescence et la fulgurance de la pensée
  • Procrastiner est une façon de mettre à distance ses angoisses

Les émotions donnent des indices sur ce qui se passe.

  • Il est nécessaire de s’appuyer sur la force des émotions pour avancer et refaire vibrer le coeur et le cerveau (un axe d’alignement).
  • s’entrainer à être présent : offrir sa présence totale, sa qualité de présence.
  • comme avec la métaphore du petit poucet suivre les petits cailloux vers ses propres ressources.
  • libérer son intelligence, se relier à toutes ses compétences.
  • s’appuyer sur son énergie,  sa lucidité, sa fulgurance

Plus nous sommes centré, plus nous avons un sentiment de satisfaction de vie

Renouer avec l’intuition 

L’intuition n’est pas mystique.

« L’intuition est l’intelligence qui commet un excès de vitesse ».

La pratique de méditation de pleine conscience permet de renouer avec l’intuition. Celle-ci convoque ce que nous avons déjà appris. Elle fait une analyse rapide de la situation et utilise les compétences déjà acquises pour résoudre une problématique. Il est intéressant de noter que généralement, le ressenti se fait dans LE VENTRE.

Les neurones du ventre réagissent quelques millisecondes avant les neurones du cerveau. « Je le sais …. je le sens ». c’est qui nous permet de faire les choix qui nous conviennent.

Ainsi l’objectif est de déployer pleinement sa créativité, sentir à nouveau la curiosité, l’émerveillement.

Jeanne Siaud-Facchin nous invite simplement avoir la curiosité de ressentir pleinement ce qu’on vit. Le bonheur ne s’acquiert, il ne vient pas de l’extérieur.

Pour le démontrer elle nous demande :

Essayer de vous souvenir d’un moment de bonheur : cela s’éprouve dans le corps n’est-ce pas ?

Conclusion :

Une soirée pendant laquelle nous sommes nourris d’informations enrichissantes. Mais pas seulement car nous sommes invités à réfléchir, expérimenter, à revenir à soi. C’était pour ma part un régal.
De plus, Jeanne Siaud-Facchin a un vrai talent pour trouver les images et les métaphores permettant de simplifier l’explication de notions ou de fonctionnements complexes. La manière dont elles les mets en scène impact positivement et permet de les retenir pour notre plus grand bien.

Les préjugés et les a priori sont pulvérisés pour rétablir une réalité, la réalité des haut- potentiels. Et de constater l’admirable mission que cette psychologue et son équipe se sont fixée :  celle de permettre aux surdoués de se comprendre, d’exploiter tout leur potentiel, d’être plus heureux et de trouver la parade pour apprécier chaque instant de leur vie. Cette solution est d’ailleurs valable pour tous.

J’ai particulièrement apprécié le moment où elle nous invite à tester ce moment de retour aux sensations du corps, un retour à soi dans l’ici et maintenant.

J’ai senti qu’il y avait encore beaucoup de chose à dire sur le sujet. Oui mais voilà, il y avait un timing à respecter.

Si vous avez la possibilité d’assister à l’une de ses conférences, je vous encourage à vous y rendre, c’est captivant.

Voici pour info deux autres de ces ouvrages.

 

Jeanne Siaud-Facchin Mais qu'est ce qui l'empêche de réussir                   Jeanne Siaud-Facchin tout est la juste la

 

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